Mineurs Isolés Etrangers - page 5

Les cahiers du travail social n°74
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Mineurs Isolés Etrangers
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Constance Lenoir et Marie-Pierre Penaud, chargées de mission à la cellule
nationale d’appui au sein de la direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse,
nous expliquent les raisons de la mise en place d’un tel dispositif. La répartition
inégale de ces jeunes sur le territoire entrainait pour certains départements
une charge financière très lourde et une capacité de prise en charge restreinte.
La répartition géographique, malgré des efforts ne va pas sans difficulté pour
les Conseils généraux. Si certains jouent le jeu de la solidarité nationale, d’autres
n‘hésitent pas à refuser tout accueil.
Le Conseil général du Doubs qui a accueilli 27 MIE en 2011, en accueille
aujourd’hui 85. Renaud Houdayer, Directeur Enfance Famille, nous explique
que dans le Doubs, avec la mise en place du nouveau dispositif de juin 2013 au
31 janvier 2013, 40 MIE ont demandé l’accueil, dont 18 réorientés vers d’autres
départements, 17 placés dans les établissements du territoire accueillant des
MIE, et trois réorientés vers le Doubs par d’autres départements. Confron-
tés, comme les autres départements à une saturation du dispositif de la pro-
tection de l’enfance, le Conseil général du Doubs a entamé une réflexion avec
des partenaires, tels que l’Association d’Hygiène Sociale de Franche-Comté
(AHS-FC) et l’Association Départementale De Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte
(ADDSEA).
Les mineurs isolés étrangers accueillis, sont en grande majorité des garçons,
âgés entre seize et dix-huit ans. Ils sont originaires de nombreux pays, dont
l’Afghanistan, la Chine, la Sierra Leone, la République Démocratique du Congo,
le Bangladesh, la Turquie, leMaroc… Les parcours sont différents : en quête d’un
modemeilleur, fuyant leurs pays en guerre ou des régimes politiques, poussés par
leur famille, souvent avec l’aide d’un passeur. Les entretiens réalisés par le CEP
Les Chennevières attestent de certains de ces parcours et Rahmet Radjack, psy-
chiatre transculturel, présente dans sa contribution les cinq profils (les exilés, les
mandatés, les exploités, les errants, les fugueurs), typologie basée sur les causes
de départ desmineurs
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isolés étrangers et proposé par Angelina Etiemble en 2002.
Ces mineurs ou plus exactement ces jeunes en pleine construction identitaire,
avec toute la complexité due à cet âge, ont besoin de soutien lié au fait d’avoir
quitter leur pays, leur origine et le parcours qu’ils ont vécu pour arriver jusqu’en
France.
« Comment repérer les adolescents en difficulté qui auraient besoin de soins
psychiques 
». Le travail de Rahmeth Radjack permet à ces jeunes de se construire
oude se reconstruire sur unplan identitaire. La psychiatre présente également une
recherche action sur les compétences transculturelles des professionnels travaillant
avec cette population, commanditée par l’ASE de Paris. L’objectif est de travailler
sur la compétence transculturelle des professionnels
prenant en charge les mineurs. En effet, l’accompa-
gnement des MIE demande, selon elle, « des compé-
tences à la fois spécifiques et complexes ».
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 ETIEMBLE Angelina, « Les mineurs isolés
étrangers en France »,
Migrations Études. Syn-
thèse de travaux sur l’immigration et la présence
étrangère en France
, n°109, septembre-octobre
2002, 16p.
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